J61 : La séparation @ Nuriootpa -> Adelaïde /NSW 16023Km (14/12)

La nuit n’a pas été bonne .
Réveils en sueur , suffoquant.
Rêves résumants nos deux mois d’aventure.
Julien , toute bonne chose a une fin , il faut se prendre en main.
Il faut que je ramène Pinta avant midi.
Il va falloir que je le lave une dernière fois pour le rendre très présentable.
J’ai versé 2700$ de caution que j’aimerais bien récupérer.
Je packe également bien mes valises car il faut que je les dépose chez Gifford , à Port Adelaïde , avant.

Nous quittons donc la vallée de Barossa et ses magnifiques décorations de Noël , l’âme en peine.

Je préviens Gifford que j’aurais un peu de retard sur le timing qu’on avait prévu.
No worries mate , meet me at Semaphore beach , i’ll give you my keys.
11h15 je retrouve ce bon vieux Giff et son flegme légendaire à la plage.

Ça me fait vraiment plaisir de le voir.
Il est avec sa fille ce week-end , c’est pour ça qu’il est à la plage.
Je prend son double de clés et je m’en vais déposer mes affaires chez lui.
Il est 11h30 , mon gps m’indique 15 minutes de route avant d’arriver chez le loueur.
Je n’ai toujours pas lavé Pinta.
Je croise la route d’un carwash dans lequel j’introduis ce qu’il me reste de ferraille australienne.
11h58 , j’arrive devant chez le loueur.
Il est trop tard ...
Il n’y a déjà plus personne.
Au téléphone on me dit que ce n’est pas grave, un tuyau est à côté de la porte d’entrée dans lequel je peux y laisser les clés.
J’aurais bien aimé faire le tour du véhicule avec eux.
Ils ´ouvrent pas avant lundi , si il se passe quelque chose sur le parking ce week-end , je me fais bouffer ma caution.
Je fais un dernier grand tour de mon destrier avant de jeter les clés dans le tuyau.
Une fois dedans , c’est foutu , je ne peux plus les récupérer.

T’as vraiment été un fidèle compagnon mon Pinta...
Et je dois t’avouer que malgré tes bientôt 500 000 kilomètres au compteur , t’es encore vache de reprise !
Par contre , faudra changer l’allume cigare.

Vaya con dios amigo.

Je quitte la zone industrielle les yeux humides.
Je ne me retournerai pas...
Putain j’ai oublié mon boomerang dans la casquette !!
Godammit!!

J’ai prévenu Giff que je reviendrai chez lui en fin d’après-midi.
Je veux me faire un dernier tour à Adelaïde , farfouiner un peu en ville pour dépenser mes derniers dollars en souvenirs.

Sensation étrange mais néanmoins agréable, que de marcher dans une ville du bout du monde qu’on a l’impression de connaître par cœur.

Je me rend directement au central market , en allant directement à l’endroit où se trouvent les souvenirs.

Dans le marché j’entends « Julian!! »
Gifford et Bibi , sa fille en train de boire un milk shake.
On est quand même à 15 bornes de chez lui c’est étonnant de se croiser là.
Surtout que je ne lui ai pas dit où j’allais.
Giff est cinéphile, il a appelé sa fille Bibi en hommage à Bibi Andersson , égérie d’Igmar Bergman.
Ils sont là car Bibi avait très envie d’un milk shake du marché.
Il me propose gentiment de me ramener en voiture, mais je décline.
Je préfère rester en ville et revenir en train.

Ma chasse au trésor n’est pas des plus fructueuses.
Je retourne dans ma bonne vieille rue du vice me jeter une petite bière de fin de journée avant de prendre le train.

Je préviens Giff que mon train arrivera en gare un peu avant 18h.
Je m’installe tel un adolescent rebelle dans la dernière banquette du dernier wagon.
S’installe autour de moi une vingtaine de nanas aborigènes qui foutent un peu le bordel.
Dans le sens où elles parlent très fort , les gamins font les cons.
Quand elles descendent , montent 2 couples de crackheads et leurs enfants , canettes de bière à la main.
Julien , ou l’art et la manière de faire le bon choix au bon moment.
Je descend du train , paré à faire 20 minutes de marche.
JULIAN !!
Ce serviable Giff m’attend dans son beau SUV.
Chapeau vissé sur la tête / conduite nu-pieds.

Sur le chemin du retour il me dit qu’on va se boire une des nombreuses bières qu’il brasse lui même chez lui , dont une , à la levure française.
En arrivant chez lui , sur la table , 2 films français , un Godard et un vieux Alain Delon.
I love old french gangster movie.
Il me montre son jardin et ses chooks (chicken en aussie)
Et on fini par déguster une bière de son cru.

Après ça il faut emmener la petite Bibi faire un tour de ménage à la fête foraine.

Bibi nous revient avec une banane en guise de bouche.
Nous rentrons tous les 3 dans la Giff’house.
Nous refaisons le monde en faisant une dégustation de bières et de fromages.
Bibi est parti dans sa chambre faire je ne sais quoi sur son cell phone.
Vers 23h , Giff me propose d’aller écouter un peu de musique dans la chambre (qui lui sert d’atelier) avant d’aller se coucher.
Dans cette chambre il y a un vieux Vespa qu’il remet en état et sa platine vinyle.
Il me fait écouter un Led Zep .
Ensuite il se roule un gros pétard avec de la weed qu’il fait pousser lui même.
Il me demande si je connais Herb Alpert.
Sorry Giff...
I reaaaalllyyy love Herb Alpert!

Do you want to listen an other disc?

Je me sens un peu bizarre , seul avec Giff , à écouter ce trompettiste , assis chacun dans un Chesterfield...

No thank you Giff but i’m really tired.

See you tomorrow mate!